Claude Monet, Le Bassin aux Nymphéas, 1919.
Huile sur toile, 100,4 x 201 cm. Collection privée.

L’impressionnisme, après des débuts difficiles, est devenu l’un des mouvements de peinture les plus appréciés et les plus populaires de tous les temps. Ventes, expositions et artistes contemporains sont les témoins de ce succès. La peinture impressionniste est tournée vers la nature, la vie parisienne, les loisirs, et montre le bonheur de vivre. C’est pourquoi le public l’apprécie et ne s’en lasse pas. Figurative et colorée, elle est facile d’accès pour le spectateur qui n’a qu’à se délecter de la beauté des toiles.

Les marchands d’art jouèrent un rôle primordial dans le succès de l’art impressionniste. Après avoir défendu l’école de Barbizon, le marchand Paul Durand-Ruel paria sur les impressionnistes. Il acheta leurs tableaux et accumula les dettes, mais fit fortune en les revendant. En créant une revue et en organisant des expositions à l’étranger – dont plusieurs aux États-Unis où de fameux collectionneurs se passionnèrent pour l’art impressionniste – il arriva à convaincre de la grandeur des travaux des artistes. Ainsi s’amorcèrent les plus grandes spéculations sur les toiles impressionnistes. Paul Durand-Ruel devint une personnalité-phare du mouvement impressionniste à tel point que plusieurs expositions en son honneur furent organisées.

Aujourd’hui, l’engouement des collectionneurs face aux toiles impressionnistes ne s’est pas atténué. Si des artistes, plus contemporains, tels que Picasso, Giacometti ou Bacon battent des records, la cote des impressionnistes est toujours prospère. En mai 2008, chez Christie's à New York, la toile Le Pont du chemin de fer à Argenteuil de Claude Monet est vendue à 41,48 millions de dollars alors qu’elle avait été achetée 12,6 millions vingt ans plus tôt. Un mois plus tard, Le Bassin aux nymphéas (1919) se vendait à 80,5 millions de dollars, toujours chez Christie's à Londres. En outre, le tableau qui a été vendu le plus cher au monde est un tableau du maître impressionniste Paul Cézanne, Les Joueurs de cartes, cédé à la famille royale du Qatar pour environ 250 millions de dollars en 2011.

Paul Cézanne, Les Joueurs de cartes, 1892-1893.
Huile sur toile, 97 x 130 cm. Collection privée.

L’impressionnisme, apprécié à la fois par les amateurs d’art et par le grand public, permet aux musées de s’assurer quelques entrées. En effet, tous les ans, le nombre d’expositions consacrées à l’un des maîtres du mouvement ou à une thématique chère aux impressionnistes est considérable (au moins une dizaine par an). En 2010, la rétrospective Claude Monet au Grand Palais a connu un record d’affluence, avec plus de 900 000 visiteurs. Certains visiteurs ont pu attendre jusqu’à six heures pour y entrer. Pour ses derniers jours, elle fut ouverte jour et nuit. Grâce à deux expositions impressionnistes temporaires par an, le musée Marmottan Monet à Paris a doublé sa fréquentation en 2014. Autre exemple, le festival Normandie Impressionniste, lancé en 2008, a permis à la région de devenir une des principales destinations touristiques de l’été. Deux éditions ont déjà eu lieu et une troisième se tiendra en 2016, centrée sur le thème des portraits impressionnistes. Ce festival, à la recherche d’un large public, propose de montrer l’art impressionniste à côté d’une programmation culturelle variée : art contemporain, musique, danse, théâtre…

La peinture impressionniste a encore des répercussions sur l’art actuel. Que ce soit à travers les travaux sur le paysage ou encore sur l’impression et la subjectivité, qu’elle soit spirituelle ou théorique, un grand nombre d’artistes actuels revendiquent une filiation avec l’impressionnisme. Des mouvements tels que « l’impressionnisme abstrait » ou « le surimpressionnisme » prennent leurs sources dans le fameux mouvement pictural. Ainsi, la fondation Beyeler n’hésita pas à organiser une exposition intitulée « Claude Monet ... jusqu’à l’impressionnisme numérique », permettant de comprendre la portée du mouvement impressionniste à travers les temps et au-delà des frontières.