LES IMPRESSIONNISTES FRANÇAISPaul Cézanne (Aix-en-Provence, 1839–1906) Son but était d’atteindre au monumental par un langage moderne de tons incandescentset vibrants. Cézanne voulait reproduire la couleur naturelle d’un objet et l’harmoniser avec les variations de lumière et d’ombre quitendent habituellement à le détruire ; il désirait élaborer une échelle de tons capables d’exprimer la masse et le caractère de la forme.Cézanne aimait peindre des fruits, parce que c’étaient des modèles dociles et qu’il travaillait lentement. Il ne cherchait pas à reproduirela pomme. Il gardait la couleur dominante et le caractère du fruit, mais amplifiait l’attrait émotionnel de sa forme par un agencementde tons riches et harmonieux. C’était un maître de la nature morte. Ses compositions de fruits et légumes sont véritablementimpressionnantes : elles ont le poids, la noblesse, le style des formes immortelles. Aucun autre peintre n’a jamais accordé à unepomme de conviction aussi ardente, de sympathie aussi authentique, ni d’intérêt aussi prolongé. Aucun autre peintre de ce talentn’a jamais réservé dans ses natures mortes ses impulsions les plus fortes à la création de choses nouvelles et vivantes. Cézanne rendità la peinture la prééminence du savoir – de la connaissance des choses – une qualité essentielle à tout effort créatif.À la mort de son père, en 1886, il devint riche, mais ne changea rien à son train de vie frugal. Peu après, Cézanne se retiradéfinitivement dans sa propriété en Provence. Il fut sans doute le peintre le plus solitaire de son temps. Parfois, il était saisi d’unecurieuse mélancolie, d’un noir désespoir. Avec le temps, il devint plus sauvage et exigeant, détruisant des toiles, les jetant dans les arbrespar la fenêtre de son atelier, les abandonnant dans les champs, les donnant à son fils pour qu’il en fasse des puzzles, ou aux gens d’Aix. Au début du XXe siècle, quand Vollard débarqua en Provence avec l’intention de spéculer en achetant tous les Cézanne qu’il pouvaitemporter, les paysans des environs, apprenant qu’un guignol de Paris cherchait à gagner de l’argent avec des vieilles toiles, se mirentà produire dans leurs granges tout un tas de natures mortes et de paysages. Le vieux Maître d’Aix fut submergé par la joie. Mais lareconnaissance vint trop tard. En 1906, il succomba à une fièvre contractée alors qu’il peignait sous une pluie diluvienne. |
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